par Cryptide » Mardi 05 Février 2008, 00h34
Le thème de l'imposture, de la duplicité, du double, du simulacre,de l'illusion en général, est un sujet qui me fascine beaucoup, et pas seulement dans le cadre de la SF.
A ce sujet, je viens justement de voir en DVD The Hoax qui raconte l'histoire vraie d'un romancier (Richard Gere) qui, dans les années 70, prétendit avoir collaboré avec Howard Hugues à l'écriture de l'autobiographie de ce dernier (rappelons que le milliardaire excentrique s'était définitivement coupé du monde extérieur à cette époque). On parle alors du livre du siècle et les éditeurs sont près à offrir une fortune pour pouvoir le publier. Hors, tout a été inventé par l'écrivain, qui n'a jamais rencontré Hugues de sa vie. Bref, un énorme canular (hoax en anglais).
Ce genre d'histoires authentiques est assez fréquentes. En tant que belge, je pourrais citer la fausse nouvelle du JT de la chaîne RTBF qui annonçait la scission entre Wallons et Flamands (autrement dit, la fin de la Belgique). Ce canular, qui a scandalisé beaucoup de belges, a au moins eu le mérite d'inciter la population à réfléchir sur la situation du pays. Et voilà l'aspect qui me paraît le plus intéressant dans l'imposture : celui de susciter la réflexion, bref interroger le vrai par l'intermédiaire du faux. C'est pourquoi il ne faut pas confondre le simple canular (amusant mais sans fondement) avec l'imposture élaborée et raisonnée, même si certains cas de mythomanie chez certains individus sont intéressants d'un point de vue psychologique (mais c'est un autre débat).
On connaît d'ailleurs des cas historiques célèbres, comme le faux journal d'Hitler et d'autres du même genre, ou les innombrables cas de fausses oeuvres d'art.
Le sujet est trop vaste pour en faire le tour, aussi je me contenterai de citer quelques exemples qui m'ont particulèrement frappé dans les fictions, qu'elles appartiennent à la SF ou non.
Avec Dick, bien sûr, dont toute l'oeuvre est basée sur le thème du simulacre mais, en faisant abstraction de l'aspect mystique (trop vaste, à nouveau), je préférerais citer ici deux exemples d'impostures dickiennes plus terre-à-terre et politisée : La vérité avant-dernière, qui est sans doute son roman le plus clair sur les mécanismes de tromperies et de désinformation utilisées par les puissants sur le peuple, et Simulacres, au titre assez éloquent, où les citoyens ignorent que le président des USA n'est qu'un androïde et la Première Dame une actrice, le pouvoir réel appartenant à un groupe d'individus qui tirent les ficelles dans l'ombre.
Notons qu'au cinéma, un film comme "Wag the dogs" (Des hommes d'influence), avec son histoire de président qui, pour faire oublier un scandale de type Lewinski, déclare une guerre bidon que mettront en scène un réalisateur de cinéma et un conseiller à la maison blanche, est très proche du premier roman cité de Dick. Quant à l'histoire du président-bidon, le thème a aussi été traité au cinéma, que ce soit dans le registre de la comédie ou du drame.
D'autres exemples : The Truman Show, Capricorn One , S1mone (avec Al Pacino)
J'aimerais aussi citer un film peu connu (j'hésite sur le titre..." 48 h avant le Débarquement " ou "39 heures avant le Débarquement", et qui date des années 60. Pendant la Seconde Guerre mondiale,un américain est drogué et enlevé par les services secrets allemands pour lui faire avouer la date exacte du débarquement. Pour ce faire, ils mettent au point une mise en scène très élaborée en lui faisant croire que la guerre est terminée depuis des années (victoire des alliés) et qu'il se trouve dans une clinique américaine. Un film étonnant dont l'esprit anticipe sur The Truman Show et la série Le Prisonnier. Je ne sais pas si vous connaissez ce film.
Le Prisonnier, évidemment, et en particulier l'épisode "Double personnalité" où Numéro 6 est confronté à un sosie parfait qui prétend être le véritable Numéro 6. Une histoire particulièrement riche puiqu'elle allie le thème de l'imposture et celui du double.
Et puis, un exemple souvent cité : l'émission radiophonique de "La guerre des mondes" d'Orson Welles mais dans ce cas-là, il s'agit plutôt d'un malentendu que d'une tromperie voulue par Welles.