La colonisation

Science, fiction et veille sous le ciel étoilé des motifs & thématiques de l'imaginaire : des créatures de légende aux extraterrestres, voyage dans le temps...

La colonisation

Messagepar neocobalt » Samedi 07 Février 2009, 02h14

La colonisation est un sujet délicat à aborder, d'une part pour sa parenté avec le colonialisme l'érigeant en doctrine et la noirceur qu'il recèle. Le colonialisme a marqué l'Histoire et les blessures qu'il a laissées pour certaines sont encore des plaies non refermées. D'autre part, elle habite encore notre temps et fait partie de l'actualité.
Je ne m'aventurerai pas à en restituer un panorama complet, mais plutôt les éléments clefs pour mettre en perspective le thème de la colonisation dans l'imaginaire, tout particulièrement dans le registre de la science-fiction et le rapprochement pouvant être fait avec le domaine scientifique et la conquête spatiale.

Action, processus de conquête, la colonisation se révèle dominatrice ; domination sur l'environnement, ou sur les peuples, ancre humaine aussi incisive que celle des navires conquérants ayant traversé les océans.
D'occupation, elle prend possession des terres, des eaux, comme des peuples parfois. Conquête de la terre, et de ses habitants.
Mais la colonisation ne se veut pas nécessairement invasive. On imagine que l'homme a colonisé des sols sans habitants, vierges de toute civilisation, comme ce fut peut-être le cas des océaniens. Et qu'il a peuplé de nouveaux mondes, avec leurs promesses de richesse et d'avenir.
Envahisseur ou simple colon, l'homme s'attache alors à exploiter sa conquête, à la domestiquer afin de développer une nouvelle société.
En cela, les aspirations civilisatrices tendent à transformer l'esprit de découverte, d'exploration et de conquête en un politique proche d'une idéologie menant au colonialisme.
Cette pierre d'achoppement montre combien l'aspect humain domine dans la perception et la représentation que l'on se fait de la colonisation, de l'Antiquité à l'époque moderne.

La domination des peuples et leur assujettissement dans la colonisation se fait sous couvert d'une mission civilisatrice, sous prétexte d'élever les peuples dont le caractère, la nature, inférieur peut être avancé pour justifier les actions qui sont engagées et menées.
Ces manifestations de déséquilibre, dominant-dominé, séparent les peuples assujettis des colons. Ce qui mène à des scénarios peu réjouissants ; des situations de ségrégation, et pour parvenir au peuplement et l'établissement de colonies, des territoires sont occupés dans un climat de forte tension, voire de guerre, de conflit armé et de génocide larvé.
Ces territoires occupés deviennent objets d'exploitation ; sources de matières premières, et même de main d'oeuvre quand se profile le spectre de l'esclavage. Toutes ces ressources nouvelles prodiguent non seulement un enrichissement économique du mouvement colonial mais tout autant une position de domination qui s'étend au-delà de ses territoires. A sa portée politique, elle s'affirme en position stratégique qui encourage à étendre son espace vital.
La guerre n'est pas inéluctable, mais la concurrence entre empires coloniaux montre que les graines de l'impérialisme ne demandent qu'à germer.
Deux mouvements de colonisation illustrent ces aspects :
- La conquête du nouveau-monde. La colonisation des terres qui allaient devenir les Etats-Unis d'Amérique s'est faite sur la traversée et la voie suivies par les gens en migration ou en exil. Sur ce chemin passa le rouleau compresseur qui allait emporter les autochtones, les indiens d'Amérique.
- La colonisation en Afrique. Sa période a marqué plusieurs siècles d'Histoire. Elle s'est ensuivie de la lutte pour l'indépendance, l'autonomie et la liberté. A dater de l'ère post-coloniale, les relations de dépendance entre anciennes colonies et ex-empires coloniaux ne sont pas complètement rompues.

Sans le conclure, ce sujet ne se réduit pas à sa seule dimension humaine. D'autres aspects contribuent à le développer, le mettre en perspective et susciter d'autres expositions.
Les implications écologiques, l'impact sanitaire rappellent que la colonisation n'est pas seulement humaine ; elle peut être un fléau empoisonné, invisibles microbes tueurs pouvant décimer une tribu entière au coeur d'une forêt, comme sur les rives d'un fleuve.
A la source de la colonisation, la pression économique en fait une vague en mouvement qui la rend éternelle. La colonisation ressuscite toujours. Et la quête de matières premières voire de main d'oeuvre, ou plus largement de toute ressource qui se fait rare, comme l'eau et d'autres ressources naturelles essentielles, en annonce un regain, un renouveau et son lot de pièges.
A l'approche de la fin de la première décennie du 21ème siècle, la crise mondiale, non seulement financière mais surtout sociale et morale, témoigne de l'emballement du monde.
La pression environnementale et la crise climatique, assorties de l'épuisement des ressources naturelles - péril déjà évoqué précédemment -, laissent entrevoir une nouvelle expansion.
La conquête spatiale a déjà commencé. Et la colonisation de l'espace est un objectif annoncé et avoué. C'est aujourd'hui et demain. Certains d'entre nous sont nés dans ce monde avec les projets Apollo. L'homme est allé dans l'espace, revenu en héros d'un côté, et sur la Lune d'un autre, flirtant sur le foyer de la guerre froide. La guerre des étoiles a marqué un tournant, et des projets sont à l'étude tandis que d'autres sont déjà en cours, gouffres financiers recouvrant la misère et les drames du voile sombre du néant ; ou bien selon un tout autre point de vue, étendard d'espoir, en quête d'avenir, de nouvelles ressources, de nouvelles terres à conquérir, de nouveaux cieux.

Sujets connexes :
- Exil ( http://www.cobaltodyssee.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=908 )
- Quête ( http://www.cobaltodyssee.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=954 )
- Esclavage
- Mars

Références - le thème de la colonisation en science-fiction :
- Battlestar Galactica
- La colonisation chez Philip K. Dick
- La colonisation chez Isaac Asimov
Fondation ( http://www.cobaltodyssee.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=408 )
Les cavernes d'acier ( http://www.cobaltodyssee.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=656 )
I, Robot
- Star Trek
- Sujet d'étude (1953) F.L. Wallace ( http://www.cobaltodyssee.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=928 )

Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Colonisation
http://www.afcam.org/Doc_illustration/C ... Decolo.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Colonisation_de_l'espace
Dernière édition par neocobalt le Dimanche 19 Avril 2009, 16h00, édité 2 fois.
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Messagepar Cryptide » Mercredi 11 Février 2009, 13h37

Un sujet très intéressant et c'est une belle synthèse que tu as rédigée là, Néo. Au point que je ne vois pas ce que je pourrais ajouter, si ce n'est quelques références supplémentaires. Il est vrai que la science-fiction a assez souvent abordé ce thème délicat.
Deux exemples de romans qui ont pour point commum de s'inspirer de deux conflits réels.

Ce monde est nôtre de Francis Carsac (1962).
Le Conseil de la Ligue Galactique est clair : il ne peut y avoir plus d'une espèce humaine par planète. Mais sur la planète Nérat, trois groupes revendiquent le droit d'y vivre, bien sûr au détriment des autres. On imagine la suite.
Un roman qui fait écho à la guerre d'Algérie sévissant à l'époque même si, curieusement, l'auteur se défendit d'avoir écrit une parabole sur le conflit sous prétexte d'apolitisme. Quoiqu'il en soit, c'est probablement le chef-d'oeuvre de Carsac.

Le nom du monde est forêt de Ursula Le Guin (1973).
Ecrit l'année même de la fin de la guerre au Vietnam, ce roman décrit la colonisation brutale par l'homme de la planète Athshe où vivent un peuple d'extraterrestres pacifiques et la destruction d'une écologie. Un roman au message limpide qui, s'en être le meilleur ni le plus subtil de Le Guin, rempli parfaitement son programme : prendre le lecteur aux tripes par la brutalité des faits exposés.
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