I, Robot (2004) Alex Proyas

La science-fiction en écran large

I, Robot (2004) Alex Proyas

Messagepar neocobalt » Lundi 07 Avril 2008, 22h08

Récemment diffusé à la télévision publique, I, Robot mérite d'être abordé ici.
Il s'agit plus d'un film inspiré de l'oeuvre d'Isaac Asimov que d'une adaptation de son recueil éponyme, s'affranchissant de sa dimension ludique et spéculative littéraire, et négociant dès lors avec intelligence l'écueil du syndrome esclavagiste avec toute la latitude ménagée par le format cinéma.

Je vous propose deux critiques datant de la sortie du film dirigé par Alex Proyas avec dans le rôle titre Will Smith : celle de Yabaar et celle de John Koenig.

Asimov adapté au cinéma ?

I,Robot, grâce à son scénario totalement original et éloigné des écrits du grand Isaac Asimov, est bien une adaptation des nouvelles et romans d'Asimov contant les aventures et l'évolution de ses robots obéissant aux 3 lois de la robotique - que je ne citerai pas ici, car elles sont top-secrètes.

Avant de parler de l'adaptation des thèmes d'Asimov, parlons du film. On y retrouve la virtuosité d'Alex Proyas, que ce soit la mise en scène ou la direction d'acteurs, que l'on avait pu admirer dans ses 2 films précédents, The Crow, et surtout Dark City. La tension dramatique, avec une sensation d'étouffement, de paranoïa, est réellement présente. Les deux acteurs principaux sont excellents, Bridget Moynahan (Dr Susan Calvin) et Will Smith (Del Spooner) en particulier qui trouve là, probablement, son meilleur rôle à ce jour. Film à effets spéciaux par excellence, ceux-ci ont le bon goût de ne pas s'imposer exagérément et sont, au contraire, un support à l'histoire.
Evidemment, il s'agit également d'un film d'action et les morceaux de bravoure ne manquent pas - la poursuite à grande vitesse entre Spooner et deux transports bourrés de robots pas gentils est superbe. Enfin, la conclusion du film est pleine de poésie - pas facile vu le type de film - et là encore, c'est à porter au crédit d'Alex Proyas qui avait réalisé cet exploit dans Dark City.
Mais surtout, les trois lois de la robotique, ainsi que la loi secrète, sont présentées avec brio. Si ce film ne devait avoir qu'un seul mérite, ce serait déjà celui-là : amener les ignorants à Isaac Asimov et les encourager à lire ses livres.

Les nouvelles et romans de robots d'Asimov sont nombreux et englobent également, en se fusionnant, son autre cycle Fondation. Pour résumer son oeuvre littéraire « robotique », ce qui est impossible - mais essayons quand même - Isaac Asimov décrit comment les robots, machines limitées par l'Homme, deviendront au fil des siècles des créatures douées de conscience, car à un moment de leur évolution, ils accèdent à une nouvelle loi, la loi « Zéro ».

Sonny est animé par la loi « Zéro ». Il possède en effet un libre arbitre, obtenu grâce à ses rêves. En effet, son « père » l'a programmé pour lui permettre de rêver. Comme le cerveau humain qui, pendant le sommeil paradoxal, classe les émotions, sensations et souvenirs, créant donc la conscience, Sonny peut apprendre et à terme faire ses propre choix. Et c'est grâce à Susan Calvin qu'il fera son choix final, devenant le premier androïde.

Vicki est malheureusement guidée par la loi « Zéro inverse ». Premier cerveau positronique créé, donc imparfaitement - la perfection n'existe pas - elle peut apprendre, mais basiquement, sans capacité de choix. Elle ne peut qu'analyser et faire un traitement binaire de ses données. Obéissant à sa programmation originelle, et déviante, elle supprime le libre arbitre des humains. Elle cherche à faire le bien de l'Humanité à son niveau ultime, mais elle ne sait pas ce qu'est le libre arbitre. Elle n'enfreint donc à aucun moment les 3 lois, mais elle ne peut détecter que son raisonnement est erroné (ce type de comportement est l'un des moteurs de certaines nouvelles d'Asimov).

Assez paradoxalement, on voit le parcours de la froide Susan Calvin, qui s'humanise au long du film, car elle perd ses certitudes, tandis que l'incrédule Spooner accepte l'impossible et son propre état de cyborg.

Le film possède une richesse inattendue et peut donc être vu à plusieurs niveaux. Pas si mal pour une « adaptation ».

Yabaar, le 9 août 2004.

Lire l'article original : http://yabaar.free.fr/oeuvres/cine/irobot/irobot.html

L'avis de John Koenig

Inspiration plus qu’adaptation de l’œuvre d’Asimov, [ce film] d’Alex Proyas (The crow, Dark city) se situe en 2035 et suit l’enquête du détective Del Spooner (Will Smith) sur le meurtre du docteur Alfred Lanning, un chercheur en robotique. Le principal suspect est un robot répondant au nom de Sonny. Or, si on se réfère aux lois de la robotique, un être artificiel ne peut tuer un être humain. Sur une trame policière classique, Proyas nous propose sa vision du futur et une critique du « tout technologique » aux dépens de l’humanité. Ce film, même s’il n’est pas le chef d’œuvre annoncé, se laisse regarder agréablement et donne au spectateur un niveau de réflexion qui n’est pas négligeable.

Je laisserai la critique scénaristique à mon confrère Yabaar pour me concentrer surtout sur deux points du film qui me paraissent intéressants d’aborder.

Pour commencer, parlons de ces pubs qui pour certains polluent le film et nuisent même à sa crédibilité. Pour ma part, ces publicités ne m’ont pas gêné et sont même un élément primordial dans la construction psychologique du personnage de Del Spooner. Nous sommes en 2035 et Spooner est un « has-been », un homme du passé. Il refuse la technologie et considère que les vraies valeurs sont celles du début du siècle. Voilà pourquoi il se promène avec des chaussures qui étaient à la mode au début du 21ème siècle et voilà pourquoi il écoute sa « vieille musique » sur un appareil ancestral qui n’a même pas de commande vocale mais une simple télécommande. Et pour que cet aspect « old style » de Spooner soit compris par le plus grand nombre, il était nécessaire de prendre comme référence des marques connues (Converse, JVC, Audi). Voilà pourquoi ces pubs ne sont pas gênantes car elles permettent de mieux appréhender le personnage de Del Spooner. Je ne nie toutefois pas qu’il y a parfois utilisation abusive de ce « gimmick » (était-t-il nécessaire de préciser que les Converses sont du modèle 2004 ?).

L’autre point que je voudrais aborder est l’interprétation de Will Smith. Même s’il est un grand acteur, Smith ne convient pas dans ce rôle. L’une des clefs du film est la haine que porte Spooner envers la race robotique. Or, Smith ne vend pas cette haine, il ne la rend pas aussi perceptible qu’il le devrait. Smith reste dans sa composition habituelle de rappeur-cool, composition qui ne convient pas au personnage de Spooner.

Malgré ces quelques défauts, I ROBOT est un film que l’on peut aller voir sans crainte et on ne regrettera pas les 8 euros investis à l’entrée de la salle obscure.

John Koenig, 22 août 2004.

Lire l'article original : http://neocobalt.free.fr/johnkoenig/irobotJK.html
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