L'immortalité est un des fantasmes les plus récurrents de la SF. Quoi de plus normal puisqu'il est sans doute le rêve suprême de l'homme (encore que...pour une des mes connaissances, ce serait plutôt passer une nuit avec Charlize Theron mais bon...) et Woody Allen (encore lui !) ne disait-il pas "
tant que l'homme aura conscience de sa mortalité, il ne pourra être vraiment décontracté" ? Et comme je suis d'une nature plutôt anxieuse, j'aurais été tenté de voter "aimerais l'être" mais si l'immortalité, à la longue, devient une autre source d'anxiété, me voilà bien avançé ! (J'ai donc voté "sans opinion pour le moment")
Le progrès scientifique permettra sans doute un jour de quitter le domaine de la mythologie, du conte de fée (élixir de longue vie, fontaine de jouvence) ou de la spéculation philosophique pour en faire une réalité, ou peu s'en faut. Et même sans aller jusqu'à parler d'immortalité, la science offrira bien la possibilité d'étendre son espérance de vie de manière significative et, dans ce cas, je suppose que personne ne verrait d'inconvénient majeur de pouvoir rallonger son existence de quelques décennies supplémentaires (à moins d'être vraiment déprimé ou de croire au Paradis et à sa béatitude non-stop qui ferait passer la consommation annuelle de canabis d'un rasta pour une boîte de Tic-Tac).
La science-fiction n'a évidemment pas attendu les progrès de la science pour broder sur le sujet. Et différents moyens permettent d'y accéder (dans la fiction du moins), des plus sérieux aux plus farfelus : génétique (clonage et organes de rechange), amplification cybernétique, sérums divers, plante venue d'une planète quelconque, voir le moyen le plus idiot : la cryogénisation (très idiot car si ce moyen pourrait permettre de "vivre" plusieurs siècles, l'homme en passerait l'essentiel à roupiller). La cryogénisation est donc une alternative - encore que très rébarbative - à la machine à voyager dans le temps mais pour ce qui est de l'immortalité, il n'y aurait qu'un cerveau à la Homer Simpson pour l'envisager. Teuh !
Quelques romans sur le sujet :
Dans
L'herbe à vivre de John Wyndham, un lichen permet à l'homme de multiplier sa durée de vie par trois. Michael Coney, lui, opte pour des transplantations du cerveau dans
Immortels en conserve tandis que Kate Wilhelm mentionne un sérum d'immortalité dans
Bonjour, chaos ou traite du clonage dans son célèbre
Hier les oiseaux. Le clonage, encore et toujours, se retrouve dans
Aujourd'hui nous changeons de visagede Roger Zelazny. René Barjavel a aussi aborder le sujet dans
Le Grand secret, en montrant surtout toutes les conséquences qu'un sérum d'immortalité aurait sur les affaires du monde.
Mais le nec plus ultra (hélas aussi le plus fantastique), c'est l'encodage de la personnalité dans une banque de données informatique, qui sera ensuite transplantée dans une enveloppe corporelle à chaque fois renouvellée (
Shadrak dans la fournaise de Robert Silverberg,
Le Fleuve de l'Eternité de Philip José Farmer).
La question reste de savoir si la capacité mémorielle de l'homme serait capable de suivre. Kim Stanley Robinson évoque ce problème dans
Les menhirs de glace (voir le lien sur le forum d'Erwelyn :
http://erwelyn-theyrani.grafbb.com/mars ... 4-t754.htm)
Dans un futur où l'homme est désormais capable de vivre plusieurs siècles, tout le monde semble avoir oublié pourquoi les fameux menhirs ont été édifiés.
Comme quoi... même dans l'éventualité extraordinaire d'une espérance de vie très longue, l'homme verrait s'effacer ses souvenirs les plus lointains, ne conservant qu'une mémoire à court terme. Solution possible : amplifier ses facultés mémorielles grâce à l'électronique. N'empêche, je n'aimerais pas me retrouver avec 500 ans de souvenirs, surtout si la plupart sont mauvais (tiens, cela me rappelle une autre réplique de ce cher Woody : "
j'ai vu toute ma vie défiler devant mes yeux et le pire, c'est que je conduisais toujours une voiture d'occasion").
Ajoutons enfin que l'immortalité est
LE grand rêve de tous les dictateurs, conquérants, mégalomanes, afin d'asseoir encore plus sûrement leur domination et s'assurer de la pérennité de leur régime (un certain moustachu de sinistre mémoire comptait sur un règne de 1000 ans. Il n'a finalement duré que 5 en gros. On est peu de choses tout de même).
En SF, je pense à
La foire aux immortels (un titre de circonstance !) d'Enki Bilal et au dictateur néo-fasciste Jean-Ferdinand Choublanc qui tentera d'obtenir l'immortalité (ou à défaut quelques siècles de plus) de la part des dieux égyptiens de passage au-dessus de Paris. La réponse des dieux sera sans équivoque (extrait) :
Anubis - Suffit, Jean-Ferdinand Choublanc ! Il est hors de question de contrarier l'ordre universel !
Bastet - Il est également hors de question d'accorder à un humain, misérable entité parmi les misérables, l'état ultime et suprême de l'immortalité des puissants ! Vous pouvez disposez. Et n'oubliez pas que nous avons TOUT notre temps, NOUS !
Anubis - Bes, raccompagne ce...mortel !
Choublanc, le bien nommé !
