Dr Jekyll et Mr Hyde : littérature, cinéma et bandes dessinées
LITTERATURE :
Le crime étrange de Mr. Hyde (J.P. Naugrette)
En littérature, outre le roman de Stevenson bien sûr, j'aimerais ajouter "Le crime étrange de Mr Hyde" de Jean-Pierre Naugrette, un excellent petit roman qui part d'une idée intéressante : raconter l'histoire du point de vue de Mister Hyde, à la première personne, un Hyde par ailleurs moins fou qu'on pourrait le croire (sinon, la lecture deviendrait vite lassante). L'auteur se penche vraiment sur la psychologique du personnage qui, jusqu'ici, n'avait toujours été considéré que comme une brute sans cervelle.
A noter aussi que dans ce roman astucieux, Naugrette fait se croiser le destin de Hyde et d'un certain Sherlock Holmes prit par l'affaire du "Signe des quatre".
CINEMA :
C'est évidemment au cinéma qu'on trouve les adaptations (ou parodies) les plus nombreuses :
Dès la période muette, entre 1920 et 1931, on compte sept versions du roman. Dans la première, le rôle est incarné par le grand acteur de l'époque John Barrymore. En 1925 est réalisée une version allemande, avec Conrad Veidt (l'acteur de "Caligari", entre autres).
Arrivent enfin les principales versions sonores (liste non exhaustive
of course) :
1930 :
Dr Jekyll et Mr Hyde de Rouben Mamoulian (avec Fredrich March)
Première version à être considérée comme un chef-d'oeuvre. Visuellement, le film est proche de l'expressionisme allemand. March interprête un Hyde particulièrement sadique et repoussant, le maquillage donnant au personnage une tête de singe. Ce n'est sûrement pas la version la plus subtile mais le film vaut pour une atmosphère glauque et oppressante très bien rendue.
1941 :
Dr Jekyll et Mr Hyde de Victor Fleming (avec Spencer Tracy et Ingrid Bergman)
Une version assez différente de celle de Mamoulian, moins rugueuse, moins bestiale mais qui parvient à susciter l'inquiétude avec des moyens différents, notamment le jeu de Spencer Tracy, au maquillage bien plus discret et moins simiesque dans le film de 1930. Cette approche permet en outre de montrer une différence moins marquée entre Jekyll et Hyde et renforce par là même l'ambiguité.
1959 :
Le testament du Dr Cordelier de Jean Renoir (avec Jean-Louis Barrault)
Adaptation française, donc (avec un nom de personnage plus français !) par un des plus grands cinéastes du cinéma français. Malgré cela, cette version laisse une impression mitigée, magré l'interprétation inspirée de J.-L. Barrault. Manque d'atsmosphère, choix de réalisation bizarre font du film de Renoir plus une curiosité qu'un film important du mythe.
1960 :
The Two faces of Dr Jekyll de Terence Fischer
Le "maître de la Hammer" adapte l'oeuvre de Stevenson avec le talent et le sens de l'esthétique qu'on lui connaît.
1963 :
Dr Jerry et Mr Love de Jerry Lewis (avec Jerry Lewis)
Une excellente parodie et un des meilleurs films de Jerry Lewis qui inverse l'idée de Stevenson. Ici, c'est en effet le Dr Jerry qui est présenté comme un être au physique peu engageant, timide et maladroit, qui grâce à la fameuse potion se transforme en un Mr Hyde...pardon un Mr Love séduisant, élégant, baratineur et véritable bourreau des coeurs. Mais alors que le Dr Jerry est un homme doux et bon, son charmant alter-ego est un être immoral et superficiel.
1973 :
Dr Jekyll et Sister Hyde de Roy Ward Baker (avec Ralph Bates et Martine Beswick)
Une idée amusante (et qui n'est sans doute pas étrangère à l'esprit libertaire de l'époque) qui vient encore bouleverser le postulat du roman : un Dr Jekyll qui se transforme en... femme (Sister Hyde), sorte de Jack l'éventreur féminin qui assassine des prostituées londoniennes pour les besoins des expériences de Jekyll. Une bonne variation.
1981 :
Dr Jekyll et les femmes de Walerian Borowczyk
Jamais vu. Je me contente donc de noter le titre, par souci d'inventaire.
1988 :
Dr Jekyll et Mr Hyde de Gérard Kikoïne (avec Anthony Perkins)
Une adaptation très libre (et contemporaine) du mythe, avec Anthony "Norman Bates" Perkins dans le rôle. Une évidence dans le choix de l'acteur. Quand au film, je ne peux pas en parler, ne l'ayant jamais vu. Mais les critiques étaient plutôt mauvaises. A vous de voir...
1996 :
Mary Reilly de Stephen Frears (avec John Malkovitch et Julia Roberts)
Tiré du roman d'un roman de Valérie Martin, le film raconte l'histoire du point de vue cette fois de la femme de chambre de Jekyll. L'ambiance fuligineuse de Londres est plutôt bien rendue mais le film reste assez moyen (on pouvait attendre mieux de la part d'un réalisateur de la trempe de Frears). L'intérêt principal est l'interprétation de John Malkovitch, qui campe un Hyde certes inquiétant mais aussi séduisant et libertin (on est décidément bien loin de la version de 1930).
et un téléfilm :
Dr Jekyll et Mr Hyde de David Wickes [date : ?] (avec Michael Caine)
Une version très honorable et aux décors soignés, par celui qui avait déjà réalisé un excellent téléfilm "de prestige" de trois heures sur Jack l'Eventreur (déjà avec Michael Caine).
BANDES DESSINEES :
1989 :
Mister Hyde, un beau petit diable de Figueras (dessin et scénario)
Il ne s'agit pas ici d'une adaptation du roman mais d'un recueil de strips humoristiques, où Hyde en est le seul "héros".
2002 :
Dr Jekyll et Mr Hyde de Lorenzo Mattoti (Jerry Kramski au scénario)
Le peintre Mattoti propose une version graphique aux couleurs violentes et aux silhouettes déformées pour traduire l'esprit du roman.
Bien sûr, outre les adaptations plus ou moins fidèles du roman de Stevenson, nous pourrions égalemet noter toutes les oeuvres qui se nourissent du thème propre au mythe (le dédoublement de la personnalité) ou celui du jumeau maléfique mais la liste serait bien trop longue et n'aurait pas vraiment sa place ici.