Forum de CobaltOdyssée et de Soleil Vert : Science-fiction, fantastique, fantasy, polar, séries

Prévoir le futur, connaître l'avenir, c'est détenir un fantastique pouvoir, sur le temps mais pas seulement ça : un pouvoir de contrôle des masses, car savoir à l'avance ce qui va se passer, c'est savoir tout ce qui concerne les individus dans cet avenir ; et s'il n'est pas nécessairement écrit et gravé dans le marbre du destin - futurs pouvant être multiples -, cet avenir attendu peut être relevé, noté, fiché, estampillé, comme tout ce qui va avec...

L'avenir peut-il être mis en équation ?
Fondation
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Certains individus ( des précogs ) ont-ils cette aptitude ?
Minority Report
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Peut-on voir le futur grâce à la technologie ?
Paycheck
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Et s'il existait un homme né avec ce don ?
Next
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Doué du pouvoir de jouer avec plus ou moins de conscience, d'humanité et d'éthique avec le futur.

Quant au super-héros, en est-il meilleur, plus fort ?
Watchmen
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Dr Manhattan ne distingue guère les moments de sa vie présente, passée et future. Il peut voir l'avenir, tels des moments déjà vécus. La dernière partie du comic-book en montre par ailleurs ses limites, pivot de l'intrigue.

Toutes les oeuvres qui traite de ce thème semblent être unanimes : malheureux celui qui en serait capable !
Cassandre n'avait déjà rien d'une femme heureuse et épanouie. La Pythie de Delphes non plus ! (du moins on peut s'en douter).

Dead Zone, le film de David Cronenberg (tiré d'un roman de Stephen King, sans oublier la série TV) illustre bien ce constat. La capacité précognitive de Johnny Smith suite à un accident est moins vécue comme un don que comme une malédiction. Outre le fait que ses visions sont toujours effrayantes et l'amènent à devoir imposer sa présence d'oiseau de mauvais augure dans la vie de gens (sceptiques ou carrément hostiles) pour leur éviter le drame, le personnage est aussi bien vite dépassé par les demandes de milliers d'autres personnes paumées en quête d'un avis ou d'une réponse (voir à ce sujet la scène pathétique du placard bourré de missives non ouvertes). Obligé de s'enfermer chez lui, le précog se retrouve dans cette position bien paradoxale : la connaissance n'est pas une ouverture vers le monde mais la cause d'un repli sur soi.
Et quand, enfin, survient malgré tout la révélation d'une catastrophe atomique à l'échelle mondiale (Greg Stillson dans ses oeuvres !), notre homme devient un sauveur malgré lui et contre les autres, qui ne comprendront jamais son acte ultime (exécuter le futur président). Souffrance morale et physique, solitude, sacrifice. Quel programme !
Dans Dead Zone, la précognition équivaut bien à une tragédie.

Les autres exemples ne valent guère mieux.

Prévoir l'avenir peut-être considéré comme un atout de taille dans le monde politique comme le montre Le maître du hasard de Robert Silverberg (connu aussi sous le titre L'homme stochastique).
Philip K. Dick a souvent utilisés des personnages de précogs dans un grand nombre de ses romans/nouvelles mais sans vraiment se pencher sur leur psychologie et les conséquences de leur don, se contentant le plus souvent d'en faire des instuments du pouvoir politique à nouveau ou de le mentionner de façon anecdotique (dans UBIK, la précognition n'a aucune incidence sur l'histoire). Bref, ils font souvent plus partie du décor SF qu'autre chose.
Quant à Minority Report (déjà mentionné par Néo), le sort des précogs est encore moins enviable, condamné à être toute leur vie des espèces de légumes au service de la police et dont on extrait les images mentales. Glacant.

Le thème de la précognition rejoint évidemment celui du voyage dans le temps et on y retrouve les mêmes problématiques et les mêmes conséquences. Simplement, ici, c'est le cerveau humain qui fait office de time machine. De même que, à l'inverse, le voyageur temporel est lui aussi en quelque sorte un précog mais par le truchement d'une machine (ou tout autre moyen extérieur). Voir donc toutes les oeuvres sur le thème...
A noter d'ailleurs que voyager dans le passé pose les mêmes problèmes que voir le futur puisque le voyageur venu de notre présent est un homme du futur pour ceux du passé et donc possédant des connaissances que ne peuvent avoir ceux de ce passé (pour lui)-présent (pour eux) !. Et qu'il peut s'en servir. Ou donner lieu à d'amusants malentendus (comme dans Retour vers le Futur où Marty Mc Fly pourrait donner l'impression aux gens de 1955 d'être un précognitif). Idem pour le personnage du très beau roman Replay de Ken Grimwood, qui peut tirer parti de 25 ans de connaissances futures sur le reste de l'humanité. Ou Bill Muray avec (seulement) une journée (ce qui n'est déjà pas mal) dans Un jour sans fin. Mais pour l'un et l'autre, le bénéfice qu'ils en tirent au début n'est rien face à la lassitude et au sentiment de fatalité qui s'ensuit.

Quoiqu'il en soit, la capacité de prévoir l'avenir est, comme la plupart des thèmes de SF (voir par exemple L'immortalité), un rêve tentant et une engeance. Tentant car, au-delà de son aspect pratique, il permet de faire fi de l'angoissante imprévisibilité (que va t-il m'arriver aujourd'hui ou demain ? Saurais-je y faire face ?).
Une engeance car une telle faculté à justement les défauts de ses qualités : distinguer le futur, c'est aussi, pour le précog, vivre une existence sans réelle surprise, sans cette touche d'imprévu certes anxiogène mais qui fait aussi le sel de la vie.

Et demain est une autre histoire...