Jean-Baptiste Péretié, le réalisateur du documentaire
La revanche des geeks, était l'invité de la
mission #25 de l'Agence tous geeks à 22h45 le jeudi 3 mai 2012, à 2 jours du 2ème tour des présidentielles.
Il est venu parler de son documentaire de 52mn dont le compteur dépasse les 150 000 visionnages, en France et Allemagne. D'abord sur Arte, un samedi soir, le 28 avril 2012, puis quelques rediffusions à des heures tardives, ainsi que sur Arte+7. Ensuite, passé le canal ordinaire de diffusion, on peut le trouver sur le Web d'une façon ou d'une autre.
Pour ceux qui écouteraient cette mission de l'Agence tous geeks en compagnie de Jean-Baptiste Péretié, son intervention ne commence véritablement qu'à la 44ème minute.
A la question de savoir comment on en vient à faire un documentaire sur les geeks, le réalisateur apporte quelques intéressants éclaircissements.
Né en 77, année de
Star Wars, il a aimé les précédents documentaires, dont l'un des plus connus, fait par les geeks et pour les geeks (appréciation personnelle) :
Suck my geek.
Le réalisateur n'a pas cherché à faire une redite, mais plutôt un prequel, un genre de "geek begins", pour retracer le phénomène depuis les origines. Le but du jeu : Un déroulé historique qui parle à la fois aux geeks et aux non geeks. Expliquer cette étrange tribu à ceux qui sont loin de cette culture geek.
Le terme de geek déjà, est quasi synonyme de nerd. Et quand le terme geek est arrivé en France, il avait déjà perdu sa connotation péjorative. Si l'on devait chercher un équivalent en français, cela pourrait être "intello", avec le cliché péjoratif bien connu du binoclard.
Sur le ton de la comédie, il s'est proposé de raconter comment les loosers d'hier sont devenus les winners d'aujourd'hui. D'où l'idée de la revanche.
Le clin d'oeil à
Star Wars est manifeste. Et les références ne manquent pas.
Le documentaire s'attarde en particulier sur une fiction américaine :
Revenge of the nerds, mais aussi sur un documentaire américain des années 90 :
Triumph of the nerds, de 3 fois 1 heure, dont la VF devrait encore être disponible sur youtube.
Aux geeks s'opposent les jocks, sportifs qui savent se débrouiller avec les filles.
Pour nuancer le propos, dans les années 60/70, le geek n'est pas forcément associé à l'informatique, mais plutôt à la sous-culture, la culture underground.
Avec
Star Wars en 1977, le terme s'exporte et ne cesse d'évoluer.
Le début de la saga est un repère phare. Elle a fait sortir les geeks du ghetto en quelque sorte. Et
Star Wars a montré qu'il était possible à la culture underground d'être rentable.
Avec
Star Trek, l'enjeu commercial, économique, était moins assuré (appréciation personnelle) ; la communauté de fans, de geeks a sauvé la série (autant que je sache) et en 1979, le film de Wise a relancé la franchise.
Je reste cependant réservé sur la voix off de Pierre Hatet, la voix de Doc Brown des années 80 dans
Retour vers le Futur. Il sert bien le texte, mais j'ai ressenti une gêne dans les 5 dernières minutes, lors de la conclusion du documentaire, dont la thèse confuse me paraît être l'apparition de nouveaux geeks dans une mouvance consumériste.
Certes, j'appartiens moi-même à cette génération des années 60/70, et la geekitude passe de mode, se banalise. Le geek finit par se sentir dépossédé de cette culture underground qui était comme une partie de lui-même, pour être absorbée par le mass market, objet de récupération ; ironie de l'exclusion, le geek est tenté de se défendre de cette dépossession à son tour par l'exclusion.
La solution pour le geek d'échapper à ce syndrome serait de s'affranchir de l'étiquette sociale, d'accepter de libérer cette part qu'il détient en lui de la culture geek, cette part de lui-même, et de la partager au sein de la culture populaire.
Ce documentaire a donc rencontré un franc succès d'audience et obtenu crédit auprès des geeks.
A la question de savoir s'il y aurait un jour prochain une version longue, un DVD avec des bonus de la part d'Arte... pourquoi pas, espérons-le.