Ca y est : je viens de voir
Prometheus (ta dam !

)
Bon, je vais juste commencer par une remarque plutôt positive : contrairement aux séquelles d'Alien et même à la plupart des films de SF actuels, Prometheus a au moins le mérite d'avoir un propos. Après, on peut toujours discuter sur la manière de traiter le sujet mais au moins, le film propose quand même une histoire avec une motivation, un enjeu d'une certaine envergure (partir à la rencontre de ses créateurs...), autre que celui de l'habituel "je cours pour échapper à mes pousuivants/le vilain monstre pour X raisons" qui fait souvent la trame rachitique des derniers films de SF en date.
Et même si une bonne intention ne fait pas un film emballant, il faut quand même saluer l'initiative dans un cinéma de SF tellement pauvre dans ses postulats.
Ensuite, quand certains me disaient qu'il ne fallait pas voir ce film en ayant Alien en tête parce "c'était tout autre chose", je suis perplexe car, franchement, la première heure du film n'est qu'un copier-coller de l'Alien premier du nom : présentation de l'intérieur du vaisseau, réveil de l'équipage, l'androïde (qui en plus va se révéler duplice comme Ash), l'atterissage sur la planète, l'expédition dans le vaisseau, etc...
J'ai vraiment eu l'impression de voir un remake d'Alien avec une esthétique très différente certes, des FX très high-tech certes aussi mais surtout une réalisation beaucoup beaucoup moins inspirée et impersonnelle. Tout le film d'ailleurs est réalisé de manière fort impersonelle selon moi et si le film n'était imprégné d'un pessimisme radical propre à Scott sur le fond, je me dit qu'il aurait tout aussi bien pu être réalisé par un autre.
Réalisation moins inspirée, plus "passe-partout" dans cette première partie, surtout, quand on met en parallèle la véritable tension et le climat oppressant dans Alien quand l'équipage du Nostromo visitait l'épave, grâce à une réalisation suggestive qui jouait notamment sur les conditions météorologiques de la planète, la difficile réception des images, etc...
Ici, tout est beaucoup plus plat (comme le temps), convenu, sans ambiance particulière : c'est une simple ballade en comparaison.
Tout au long du film, on retrouve d'autres similitudes avec Alien : Theron qui (comme Sigourney avant elle) refuse de faire entrer un des hommes attaqué dans le vaisseau, la décapitation de l'andro et sa tête qui continue à parler.
Avec ces deux exemples aussi, on est très loin de la maestria dont avait fait preuve Scott dans Alien. Les scènes sont beaucoup moins bien amenées et la tête parlante de l'andro est même assez ridicule.
Donc, pour cette première heure, je ne me gêne de faire la comparaison avec Alien car ressemblance il y a vraiment.
Qui ne plaide pas en faveur de ce quasi "remake". Et, donc, je me suis ennuyé pendant cette première heure.
J'ai trouvé la deuxième partie un chouai plus intéressante car elle s'éloigne davantage de son modèle, même si elle garde une large place aux scènes chocs et à l'action.
Les scènes dans le vaisseau des Ingénieurs ne sont pas mal (bien aimé les hologrammes courants des Ingénieurs) et m'ont rappelé la BD de Bec Sanctuaire (qui lui même s'inspirait d'Alien : logique

), d'autant que comme dans la BD qui jouait sur l'alternance entre les événements du sous-marin et ceux du temple, le film fait pareil. On évite ainsi l'habituel huis-clos.
Le thème du rapport entre créateur et créature est aussi décliné de différentes façons dans ces scènes : Ingénieur/Humain, Andro/Humain, impossibilité de procréation chez l'humaine Elisabeth Shaun qui... se retrouve enceinte d'un alien pour aussitôt pratiquer un avortement express assez impressionant (c'est une des scènes que j'ai trouvée assez mémorable, même si elle m'a semblé aussi peu crédible). De ce point de vue, on peut au moins dire que Scott ne se contente pas d'aligner des scènes chocs sans autre raison que leur potentiel horrifique, ce qui était le cas des Aliens, Alien 3 et Alien 4 (sans parler des Vs Predator) et qui en fait finalement quasiment des séries Z sans propos.
Dans Prometheus, ces scènes sont toutes reliées au sujet de base (et de fond) de la création et, selon le point de vue radicalement pessimiste de son réalisateur comme je l'ai dit : l'acte de création, in fine, ne s'explique pas et n'a ni raison d'être, ni finalité. Et que ces créateurs sont en plus des êtres agressifs et sans compassion. Quand bien même Elisabeth se raccroche à sa foi (sa croix), le point de vue de Scott semble assez clair.
Du coup, j'en viens aussi à un autre reproche qui avait été fait au film : celui d'être trop nébuleux (et même religieux, mystique, et là je comprends encore moins

)
Je n'ai pas eu cette impression, au contraire, mais peut-être est-ce dû au fait que je partage complètement l'opinion véhiculée par le film et que, donc, en ce qui me concerne, je n'ai pas besoin d'explication puisque de toute façon... je considère qu'il n'y en a pas. La fabrique de la vie n'a rien de transcendant et encore moins de bienveillant. H.P. Lovecraft ne disait pas autre chose et, quand on considère le besoin qu'on les américains de vouloir toujours recourir au divin et à un démiurge au final plein de sagesse et de bienveillance, c'est un autre bon point pour le film en ce qui me concerne. Pas de prêchi-prêcha chrétien dans Prometheus ! Et pas d'explication non plus.
Evidemment, ça dérange toujours une grande partie du public (l'homme a naturellement besoin d'explication) mais cela ne m'a pas gêné.
Un des personnages dit d'ailleurs justement, en susbtance, "on crée... parce qu'on peut le faire".
Point.
Cela dit, j'ai trouvé en revanche tout ce qui concernait les créatures assez confus. Dans Alien, le cyle d'incubation de la créature était clair : oeuf - "facehugger" (l'arachnide) qui pond - développement de l'alien.
Ici, on nous parle de fûts qui suintent un machin noirâtre dont la nature n'est pas très clair et, pour ne rien arranger, je n'ai pas compris non plus d'où venait ses espèces "d'anguilles" qui attaquent deux des types dans le vaisseau alien : proviennent-elles des fûts ? Et si oui, comment expliquer qu'elles se développent sans incubateur alors que cela semble nécessaire à l'espèce de poulpe engendré (ou plutôt "recraché" si on peut dire) par la femme. Et si on ajoute en plus, à la fin, la naissance d'un proto-alien "gigerien" issu d'un "spacejockey" lui-même incubé par le "poulpe"... c'est à en perdre son latin.
D'autant que le parasitage des uns et des autres n'a pas le même effet...
Au final, un film que j'ai trouvé passable (pas un chef-d'oeuvre ni même à figurer dans un top 20 mais passable) si on le compare aux films de SF sortis ces dernières années.
Trop impersonnel dans la réalisation, inabouti, affligé d'un scénario lacunaire, affichant une certaine ambition (prétention ?) dont il ne parvient pas à être à la hauteur, incapable de rendre vraiment le côté viscéral qu'avait si bien sû rendre son illustre aîné, inutilement compliqué dans ses histoires d'incubation de créatures et parfois aussi tape à l'oeil (oh ! les belles images informatiques qui remplissent toute une pièce !), Prometheus à de nombreux défauts.
Néanmoins, à choisir, je préfère encore ce film à des "machins" récent comme le remake de
Total Recall, Real steel ou Cow-boys & Aliens..
Mais peut-être aussi le niveau du cinéma de SF est-il tombé tellement bas (et tellement limité dans ses intentions, essentiellement "entertainement") que j'en viens, du coup, à avoir de l'indulgence pour celui-ci.
Et l'on peut aussi se demander si, à l'instar de Kingdom of heaven, une version director's cut ne pourrait pas palier certaines lacunes du film.
Drapé dans un manteau de fou rire, il écrivait des texticules sur l'abominable neige des hommes (Philippe Curval)