
Bubba Ho-Tep
un film de Don Coscarelli, avec Bruce Campbell (2006)
Un film-culte qui, comme tous les films-cultes, ne sera sans doute apprécié (et vu) que d'une poignée de gens. Tant pis pour les autres.
Ainsi donc, comme certains ne cesse de le clamer haut et fort depuis des années, Elvis n'est pas mort. Mais son sort n'est guère plus enviable : vieillissant et impotent, il croupit dans un établissement psychiatrique du Sud des Etats-Unis, dans l'anonymat et l'indifférence. Sur son lit ou se promenant à l'aide d'un déambulateur, celui qui fut le King passe ses journées à se remémorer sa splendeur passée mais aussi à traîner avec lui une ribambelle de regrets. Le roi se meurt à petit feu. Seul compagnon pour meubler sa solitude, un homme noir qui n'a plus toute sa tête et prétend, lui, être John F. Kennedy.
Jusqu'au jour où le quotidien monotomne et mortifère des deux hommes est bouleversé par l'apparition d'une momie qui assassine un à un les pensionnaires du home. Ce sera l'occasion inespérée pour le King de se lancer dans un dernier baroud d'honneur et renvoyer cette "fucking mummy" dans l'au-delà (oh yeah !)
Très drôle mais aussi mélancolique, délirant et crépusculaire, le film de Don Coscarelli annexe deux registres très différents dans le ton (comédie et drame) comme dans les thèmes (réalisme grisailleux et fantastique épique). La première partie du film est en effet un peu déprimante, si ce n'est les commentaires en voix-off d'Elvis (Bruce Campbell), aussi désabusés que drôles, assez proche de la prose d'un Bukowski.
La suite nous entraîne dans un surnaturel décalé mais qui ne tombe pas pour autant dans la grosse farce. C'est là un des mérites de ce film : le respect d'un genre auquel il rend hommage à travers une de ses grandes figures (la momie) en le pimentant d'une bonne dose de dérision. Et puis, cette confrontation entre une légende injambe du rock et une créature tout aussi légendaire du bestiaire fantastique est une belle idée qui nous vaut quelques scènes d'anthologie.
Un film hors-normes, inclassable en réalité, qui n'est n'est pas tout à fait une franche partie de rigolade (une certaine tristesse imprègne tout le film) ni un drame lacrymal. C'est ce qui rend Bubba Ho-Tep aussi particulier et profondément original par rapport à tant d'autres productions formatées du cinéma d'épouvante.
That's all right, baby !
